Y'a Paris, la capitale, qui renifle son trou de bals Intra-muros c'est brillant, dehors c'est pour les paysans D'ailleurs s'il n'en restait qu'une, ce serait sûr'ment celle-là : Qu'une aussi con que la lune et prétentieuse, comme il se doit Mais Paris, ça reste en France, les Français restent des Français Les chevilles en évidence, le nombril insatisfait ! À Rennes où il fait bon vivre, j'y ai vu - pardonnez-moi Des ma**es de foules ivres, des seringues plein les bras Un soir, une chose amusante, sur la route, croyez-moi : La police qui plaisante d'un cadavre sur le toit Mais Rennes, ça reste en France, les Français restent des Français Des reins en convalescence, des poumons dans le regret Puis y'a Bordeaux la bourgeoise avec son grand cru cla**é Que l'on déguste dans l'extase, dans les grands lieux new-yorkais Qui indique à sa mémoire ce qui est bon, ce qui est mauvais : Si pour Papon, c'est un trou noir, le Girondin c'est un succès Mais Bordeaux, ça reste en France, les Français restent des Français Des trouillards de gauche en transe ou des cons de droite muets À Toulouse, la ville rose, peut-être sont-ils un peu chauvins ? Quand ils jaca**ent pas du rose, ils te parlent des Toulousains Ils ont un patois bien sûr, qu'ils utilisent parfois Pour écrire sur les murs d'une usine : « Plus jamais ça » Mais Toulouse, ça reste en France, les Français restent des Français Des canards qui l'été dansent sur des rythmes « afro-laid » Puis il y a Marseille, celle qui a son port si charmant Sa Méditerranée belle, sa sardine et ses harengs Comme un tout petit village, un hameau ensoleillé Qui n'a qu'un désavantage : d'être rempli de Marseillais ! Mais Marseille, ça reste en France, les Français restent des Français Des grandes gueules à qui l'on pense, quand on veut avoir la paix Entre le Rhône et la Saône, il y a Lyon et ses reflets En banlieue, il y a sa zone, ses odeurs et ses rejets Sa gastronomie connue, qui veut nous faire oublier Pour ne pas être déçus, tous ces scandales financiers Mais Lyon, ça reste en France, les Français restent des Français Des bonnes bouffes en concurrence, des non-dits sur le palais Lorsque j'ai connu Strasbourg pour la toute première fois Je pensais trouver l'amour dans les rues de celle-là Mais il y eut soudain un doute dans cette ville un peu cruche Où l'on me parlait de choucroute, d'Europe et de flamenkuche Mais Strasbourg, ça reste en France, les Français restent des Français L'égalité en « free-lance », l'humanité qui s'essaie Il y a Lille dans le nord comme il y a le nord en Lille Des grands hommes gras et forts ou des consanguins débiles Les grands projets planétaires qui dépensent sans se soucier À deux pas de la misère des petits enfants minés Mais Lille, ça reste en France, les Français restent des Français Des terrils d'arrogance, l'inégalité au sommet Après cet air géographe, une petite explication Je ne cherche pas les baffes, je ne cherche pas la baston Mais lorsque je vois au loin qui agitent leurs drapeaux La grande race des chauvins, juste à côté des fachos Ben, moi qui suis né en France dans un bled incognito Je ne comprends pas la démence, je ne vois pas les idéaux De ceux qui pensent la naissance, comme une attache, un ghetto Pardonnez-moi cette offense et traduisez en ces mots : Issu de la poussière, je m'en retourne à la poussière Issu de la planète terre, je m'y promène sans frontière ! Issu de la poussière, on s'en retourne à la poussière Issu de la planète terre, on s'y promène sans frontière !