[Couplet 1] Port de Marseille Juillet 1974 Chère famille C'est sous un ciel immaculé de plein gré ou par accident Tel des miraculés qu'on embarquait pour l'Occident Acculés dans nos rêves à plus de 45 degrés Avec un horizon sans trêve, entre joie et regret La mer s'agitait au milieu du trajet Et quand la raison cogitait elle saccageait nos oraisons À milles lieues du danger, de la haine ou de la rancœur Les sourires s'échangeaient comme du baume au cœur Dans ce bunker entre fou rires et peur de mourir Devançant la torpeur avec des nœuds à parcourir Bref, l'espérance était notre fief Avançant dans l'errance, l'Éternel était notre chef Un lien maternel en pensant à votre image Sempiternelle la ressa**ant bien tel un hommage Le soleil se lève, il révèle les contours D'un pays qui s'élève avec nos rêves aux alentours [Couplet 2] Vitry-le-François Novembre 1974 Chère famille L'orage et la rage grondent derrière ma transparence Des barrières se fondent, du langage à l'apparence Cloîtré dans ce foyer où l'air et l'éther se confondent Où les prolétaires se morfondent, outrés d'être dévoyés Le regret m'alimente, agrémenté de bruits divers Et de thé à la menthe c'était l'été les nuits d'hiver Ici l'ennui et les soucis forment mon univers L'eldorado se déforme, tout est pervers C'est l'envers du rideau, un nouvel enfer sous les cieux La méduse et son radeau se renouvèlent sous mes yeux Naufrage identitaire et mes lignes en sont le reflet Le courage m'a gonflé mais la guigne se réitère J'enterre mes promesses, mes bonheurs, mes souhaits En solitaire, là où l'ivresse et mon honneur se sont échoués Loin de vos visages et de la poussière des sentiers J'ai ce présage : ma terre nourricière est en chantier [Couplet 3] Une trentaine d'années plus tard... Chère famille Les typhons se dissimulent, trahis par des éclaircies Et ce pays je remercie, loin de ceux qui font des émules Des envies s'ouvrent et des plaisirs ressuscitent Ma vie je redécouvre, mon désir, ma réussite Abreuvé de compa**ion et de simplicité Je rêvais de pa**ion, d'humour, de complicité Et l'amour m'a foudroyé, j'ai décelé ma reine Lorsque je me croyais esseulé dans cette arène Les semaines se suivent, je me dépense, me dévoue Me démène quoi qu'il arrive : je pense à vous La valeur du travail et la bravoure m'ont aiguillé Pour qu'on savoure nos retrouvailles dans la chaleur de juillet Pour terminer, entre mes souvenirs et l'avenir Toujours déterminé quoi qu'il puisse advenir J'ai forgé mon édifice, la jalousie rend glacial À ce jour j'ai deux fils : Faouzi et Fayçal [Outro] Mon père est un héros Et ce morceau lui est dédié Entre biographie et fiction Entre le réel et mes convictions Plus d'une trentaine d'année de combat quotidien De 1974 à 2006 écoute bien Mon père est un héros