Mon pe-ra est une ville, un ultime asile Un dédale sans Ariane ni fil À nul autre pareil Une retraite idéale pour se couper une oreille On dirait pour un peu Paris, qui me ferait voir les plis De mon crâne rempli De radars et d'écrous De cul-de-sacs d'égoûts De squares sans éclairage écumés par des saints des héros et des fous Des chiens des ivrognes et des loups Des ratés des donneurs Des faussaires chômeurs, des chevaliers sans peur Des vedettes sans podium des condés sans diplôme Des rabatteurs borgnes des guetteurs à chaque borne Et chacun a son plan, sa planque, son masque, son sac, son équipe sa plaque Son chargeur à huit coups sa chance à tous les coups pour des hold-ups qui ne réussissent pas Comme dans un film de Sam Peckinpah Mon pe-ra est une ville en apnée en guerre en proie à de bien sales draps Tâchés comme la nappe du boucher d'en bas qui fait sniffer des filles qu'on ne reverra pas Sauf peut-être en vitrine dans la moleskine D'un lubrique exil avec ses évangiles ses hôtels électriques à la Jean-Pierre Melville Où j'ai perdu mon pucelage et mon état civil Rebaptisé le franc-tireur Calé à l'arrière-cuir d'un taxi-driver Qui ne compte pas ses heures Comme des percepteurs Nous roulons au pas Avenue des vierges folles du Maharadjah Un endroit qui t'avale comme un anaconda Des sorcières des divas Des geishas des tatas Des beaux culs des gros tas Des poitrines opulentes pour des poètes à deux sous Des maitresses fugueuses qui rêvent de Katmandou Des déesses débauchées loin des cieux Des femmes flics armées en lingerie fine et bleue Sur lesquelles j'éjaculerais du feu Comme un dragon échappé de sa banlieue Mon pe-ra une ville un boulevard un trottoir Rouge comme le moulin, balafré comme le soir Pitié pour ce loqueteux qui demande à Dieu de lui accorder du temps encore juste un peu pour se racheter une vie et mériter le paradis Pitié pour ce loqueteux qui demande à Dieu de lui accorder du temps encore juste un peu pour se racheter une vie et mériter le paradis Pitié pour ce loqueteux qui demande à Dieu de lui accorder du temps encore juste un peu pour se racheter une vie et mériter le paradis