On a collé l'autre jour ses photos dans les rues, ça faisait presque deux ans qu'il n'était pas venu; dans les théâtres, l'hiver, il nous invente la mer, l'été, sous les chapiteaux, il nous fait les oiseaux; sous le soleil ambulant de quelques projecteurs il s'fait bronzer tous les soirs sous le coup des onze heures, il nous fait croire un moment qu'il est devenu notre amant. juste le temps, c'est bien court, d'une chanson d'amour. On est venu, ce soir, voir LE CHANTEUR, LE CHANTEUR qu'il faut voir, celui qui rit, celui qui pleure. Si l'on en croit les journaux, on le verra debout après l'avoir attendu les deux pieds dans la boue; comme on n'sera pas bien placé on en verra qu'la moitié, mais la moitié qu'on verra on s'en contentera. On est venu, ce soir, voir LE CHANTEUR, LE CHANTEUR qu'il faut voir, celui qui rit, celui qui pleure. Vers les minuit et demi finira le hasard, on l'emportera chez nous, au fond de nos mémoires peut être que lui aussi nous emportera chez lui pour effeuiller dans le noir, nos visages d'un soir. On est venu, ce soir, voir LE CHANTEUR, LE CHANTEUR qu'il faut voir, celui qui rit, celui qui pleure. On est venu, ce soir, voir LE CHANTEUR, et il peut bien pleuvoir, le coeur rempli d'espoir, on est venu, ce soir, voir LE CHANTEUR