Il y avait un village tranquille Et dans ses rues des enfants qui jouaient Dans les bistrots les vieillards volubiles Se souvenaient de tout et racontaient Il y avait la paisible pagaille Des gens venus de tous les horizons Même s'ils vivaient parfois vaille que vaille Ils partageaient le vin et les chansons On chantait pour les semailles On chantait pour la moisson On fêtait les épousailles L'amour avait sa saison N'était-ce qu'une illusion? Un jour, les hommes au gré de leur superbe Ont avoué d'étranges nostalgies Chacun son Dieu, son roi, chacun son verbe Chacun son sang, son rang, sa mère-patrie Et le village fut un champ de bataille Et la folie dirigeait ses armées On le saigna, retourna ses entrailles Et dans ses rues les enfants sont tombés On oublia les semailles On oublia la moisson Oubliées les épousailles La haine avait sa saison La mort a toujours raison Dans le village les maisons sont désertes Des chiens errants attendent les absents Ils sont ailleurs où l'herbe est bien moins verte Ou nulle part. Sont-ils au moins vivants? J'éteins la télévision.