Quand on m'aura couché sous terre Dans combien de temps? Je ne sais! Quand les copains seront pa**és En me disant: "Salut vieux Pierre" S'il est vrai que rien ne s'achève Même après le dernier mouchoir Lorsque commencera mon rêve Qui viendra me dire bonsoir? Moi qui aimais la mise en boîte Pour toujours je serai servi J'en rirai puisque c'est la vie Foin des paroles maladroites Mais une chose me traca**e Plus que la messe ou l'encensoir À l'heure où les vivants s'enlacent Qui viendra me dire bonsoir? Je veux bien croire qu'il est possible Dès qu'on est embauché par Dieu De rester raide comme un pieu Mieux que la justice impa**ible Je ne ferai pas de caprice À me relever ou m'a**eoir Si je sais, au dernier service, Qui viendra me dire bonsoir Pour sûr que les journées sont longues À ne plus jouer du mollet Moi qui étais un feu follet Faire ainsi de la chaise longue Je voudrais tant, tant qu'on me cause Même avec l'accent du terroir Pour égayer mon ankylose Qui viendra me dire bonsoir? Quand on m'aura coupé les vivres Si je dois rester sur ma faim Je promets d'être un bon défunt Et de garder mon savoir-vivre Laisser trottiner sur ma couche De fins talons sans m'émouvoir Mais pourrai-je goûter la bouche Qui viendra me dire bonsoir? Quelle sera l'âme charitable Qui descendra quand tout s'éteint Me souffler les derniers potins À l'heure du marchand de sable? Au temps où j'étais enfant sage Maman me berçait chaque soir Mais lorsque je n'aurai plus d'âge Qui viendra me dire bonsoir? Je n'exige pas qu'on m'apporte Tous les soins dus au nouveau-né Qu'on me mette des gouttes au nez Et sous les pieds une bouillotte Je ne connais pas la prière Mais s'il faut prier pour savoir Je vous demande, au nom du Père, Qui viendra me dire bonsoir?