Avant de voir la Terre prendre l'obscur visage Des banlieues qui s'ennuient autour des capitales Avant que toutes les forêts équatoriales Soient bientôt sillonnées d'autoroutes à péage Un matin je voudrais débarquer d'un cargo À Freetown, Port Lincoln, ou Maracaibo Comme Don Fernando Comme Don Fernando Avant de voir les mers charrier des marées noires Que les Torrey Canyon déversent de leurs soutes Avant que nos Florides se transforment en décharges Et que le vent du large embaume le mazout Je voudrais vivre seul comme Bombard sur l'eau Ou comme Chichester mourir pavillon haut À bord de mon bateau À bord de mon bateau Avant de voir le ciel balisé d'aiguillages Demain quand le Concorde paraîtra déjà vieux Avant que de Paris à Tokyo le voyage Ne soit pas plus long qu'un aller Paris-Banlieue Je voudrais traverser la Manche comme Blériot Revivre avec Saint-Ex, Mermoz, tous ces héros L'escale à Santiago L'escale à Santiago Et même quand la Terre n'aura plus de visage Quand, à l'île de Pâques, Cayenne où Saint-Domingue Des Sarcellopolis recouvriront les plages Moi, je continuerai à rêver de bourlingue Je vivrai ma bourlingue de Pantin à Puteaux De roulis en escale, de trottoirs en bistrots Jusqu'au dernier métro Jusqu'au dernier métro Je vivrai ma bourlingue de Pantin à Puteaux De roulis en escale, de trottoirs en bistrots Je serai Don Fernando