Amis, que le festin commence Une jeune et fraîche naïade Dans l'immense plat de faïence Gît sur un doux lit de salade Que vos longs couteaux d'argent fin Tranchent la chair encore vivante Tirant d'un sommeil enfantin Notre demoiselle indolente Et puis plongez à pleines mains Au cœur des entrailles fumantes Que la mort nous enivre, absinthe parfumée Que le diable nous livre ses plus beaux secrets Pa**ons à présent au fumoir Et affalons nos corps débiles Sur des canapés Modern Style Tendus de velours vert et noir Prenons ces pipes allongées Gravées d'obscénités étranges Et comme sur les bords du Gange Que tombe un brouillard parfumé Dont les corolles opiacées Frisent de délicates franges Que la mort nous enivre, divine rosée Que le diable nous livre ses plus beaux secrets Plongeons enfin sans coup férir Mornes rêveurs, pantins fantoches Dans le Léthé d'âpres débauches Où pourront nos vieux nerfs pourrir Buvons les beautés corrompues D'anges aux charmes équivoques Rebuts malades d'une époque Où le fard coule sur le pus Et puis affaissons-nous, repus Dans nos élégantes défroques