Ovide - Les métamorphoses d'Ovide, Livre XI (Fable 4) lyrics

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Ovide - Les métamorphoses d'Ovide, Livre XI (Fable 4) lyrics

(v.221) Le vieux Protée avait, en effet, dit à Thétis : « Déesse de l'onde, deviens mère. Tu auras pour fils un jeune héros qui, l'âge venu de la valeur, surpa**era les exploits de son père et sera proclamé plus grand encore que lui. » Aussi, pour que l'univers ne connût rien de plus grand que Jupiter, bien qu'il eût dans son coeur senti s'allumer une flamme brûlante, Jupiter se déroba à l'union avec Thétis, divinité des eaux, et voulut que son petit-fils l'Eacide à sa place souhaitât et connût les embra**ements de la vierge marine. Il est un golfe d'Hémonie, aux rivages incurvés en forme de faucille, et dont les bras s'avancent au loin dans la mer ; en cet endroit, si l'eau était plus profonde, il y aurait un port ; l'eau y recouvre seulement la surface du sable. Le sol du rivage est a**ez consistant pour ne pas conserver l'empreinte des pas et ne pas retarder la marche, ni rester mouvant sous son tapis d'algue. Tout proche est un bois de myrtes aux branches chargées de baies de deux couleurs. Au milieu du bois est une grotte, oeuvre de la nature ou de la main de l'homme, on ne sait ; plutôt cependant de la main de l'homme. Tu avais coutume d'y venir souvent, Thétis, nue, a**ise sur un dauphin que guidait le mors. La Pélée, un jour que tu y étais étendue, plongée dans le sommeil, te surprend ; et comme, malgré ses sollicitations, tu résistes à ses prières, il veut te faire violence, nouant autour de ton cou ses deux bras. Si tu n'avais recouru, en prenant successivement des formes diverses, à tes artifices habituels, son audace serait parvenue à ses fins. Tu étais tantôt un oiseau : mais, il retenait l'oiseau ; tantôt un arbre lourd : mais Pélée s'attachait de toute sa force à l'arbre. Tu pris une troisième forme, celle d'une tigresse à la robe tachetée : l'Eacide épouvanté dénoua alors l'étreinte de ses bras autour de ton corps. Puis, en l'honneur des dieux de la mer, il répand le vin sur les flots, brûle les entrailles d'une brebis, fait fumer l'encens, jusqu'à ce que le devin de Carpathos surgît de l'abîme : « Fils d'Eaque, lui dit-il, tu jouiras de la couche que tu convoites. Sache seulement, quand Thétis reposera endormie dans son antre de rocher, avant qu'elle s'en aperçoive, l'attacher dans un réseau de liens solides. Et ne sois pas la dupe des cent formes mensongères qu'elle revêtira, mais tiens-la bien, quel que soit son aspect, jusqu'à ce qu'elle ait repris sa forme première. » Ayant ainsi parlé, Protée cacha son visage sous les flots et laissa ses eaux se refermer sur les derniers mots qu'il prononça. (v.257) Le Titan dans sa course déclinante touchait du timon incliné de son char la mer d'Hespérie, quand la belle Néréide, ayant repris la route de sa grotte rocheuse, pénètre en ce lieu où elle trouve sa couche accoutumée. A peine Pélée avait-il a**ailli son corps virginal, qu'elle prend des formes sans cesse renouvelées, jusqu'au moment où elle se rend compte que ses membres sont prisonniers et ses bras étendus en sens opposés. Alors enfin elle poussa un gémissement : « Si tu es vainqueur, dit-elle, c'est que les dieux le veulent! » et elle reparut sous les traits de Thétis. Profitant de son aveu, le héros la prend dans ses bras ; il possède celle qu'il convoitait et la rend grosse du grand Achille.

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