Il restait une pomme sur l'arbre Et l'idiot l'a croquée Alors ils ont pris Leurs fusils, leurs chiens Et leurs gendarmes Ils ont pourcha**é l'idiot Dans la boue des marécages Dans les caves du curé Dans les égouts du village Par les sentiers embourbés Dans les défilés abrupts Dans la forêt décimée Dans un relais de montagne Sur le dos du lac Pelé Par les corridors d'asile Couraient comme des imbéciles Ont foutu l' feu à la grange Ont piétiné les vendanges Ont violé les filles de joie Ont débusqué les fauvettes Faut qu' ça tue et faut qu' ça pète Ont renversé les vieillards Ont roulé des yeux gris-bleu Poussé des jurons horribles Et gueulé comme des soudards Armés de crocs d'abattoir Ont défiguré des moutards Qui revenaient de l'école Ont pissé sur les écuelles Des innocents de l'hospice Ont défoncé le portail Du château du roi Louis Et l'ont surpris Accroupi Sur le trône En train de chier L'idiot Il a pris Son caca mou Dans sa main tremblante et nue Il leur a tendu Et il leur a dit "Reprenez donc votre pomme Et laissez-moi mourir en paix" Il leur a souri Et il est parti On ne l'a jamais revu