À la messe du soir le prêtre aussi sans doute S'ennuie parmi les couche-tard, les divorcés Les traînards de l'armée perdus dans leur déroute Hésitant à jeter leurs armes au fossé Un frisson te parcourt malgré la canadienne Tu ne t'es pas changé. La tenue de maçon Sent le chantier. Tu crains que quelqu'un te surprenne La barque des beaux jours racle un peu les haut-fonds Tu es un arbre vif où un clapot vient battre De Kyrie, de Sanctus et d'Agneau de Dieu Baisse la tête, on voit tes mains pleines de plâtre Dans la lueur affreuse où stagnent des vœux pieux Dans le gréement est égarée une hirondelle Aux appels sans écho, aux effrois sans réponse La nef oblique au vent, sa cloche unique appelle Sur la houle des quartiers neufs et le béton Sur le parvis, tu partages ta foi en loques Plus une cigarette et la quinte de toux Avec un inconnu qui s'enfuit. Tu te moques De sa hâte risible et son dégoût de tout Tu rentres sans traîner, les poings morts dans les poches Comme un fil-de-fériste sur le fil des rues On entend un ricanement fou sous un porche Et c'est le Christ, cette ombre montant vers les nues