Il avait poussé par hasard Dans notre cour sans le savoir Comme un aveugle dans le noir Mon arbre Il était si petit Que c'était mon ami Car j'étais tout petit Comme lui J'attendais de lui le printemps Avec deux ou trois fleurs d'argent Un peu de vert, un peu de blanc Mon arbre Et ma vie s'accrochait A cet arbre léger Qui grandissait Comme je grandissais Je savais qu'à force d'amour Avec un peu d'eau tous les jours Il ferait exploser la cour Mon arbre Qu'il grimperait de joie Bien par-dessus mon toit Pour toucher le soleil De ses doigts Quand le printemps nous fut donné Toute la cour le regardait Se demandant jusqu'où irait Mon arbre Mais moi je savais bien Qu'il irait très très loin Qu'il monterait jusqu'au soleil Au moins Un jour il a fallu gagner J'ai voyagé, j'ai travaillé Mais je ne l'ai pas oublié Mon arbre Si je reviens chez moi Et s'il est encor là Qui sait s'il me reconnaîtra Mon arbre, mon arbre, mon arbre