Sans jamais y être allé, ce qu'est le désert, Entendre l'inconnu ricaner derrière soi Et porter un cœur lourd, je sais cela... Se nourrir de tendresse et en priver les autres Et accuser tout bas le bon Dieu et sa mère Vouloir mourir perdu comme un papier au vent Depuis que j'aime, je sais cela, Séparé d'elle, c'est tout cela... Des rondeurs de montagnes, des torrents, des vallées Milliers, milliers d'outardes qui font des trous dans l'air Je sais cela... De gros troncs d'arbres forts qui rentrent dans la terre Jusqu'au fond de son ventre et dans les corridors secrets Vont se mêler aux racines des sources, Je sais cela... Le pain, l'eau et le feu, les appeler ses frères Dompter les hommes fauves, cultiver le silence Parler d'éternité comme on parle d'amour, Depuis que j'aime, je sais cela, Car avec elle, c'est tout cela... Mais un jour qui n'est pas venu Et qui se fait dans les nues Peut-être est-ce demain? Peut-être l'an prochain? Il viendra, il viendra ici Et si nous sommes endormis Il nous réveillera et sera sans fin. Non, il ne viendra pas, il appartient à la nuit Faisons de celui-ci le jour que tu as dit, Si tu veux faisons de notre vie Le jour qui jamais ne finit Qui s'appelle aujourd'hui...