(Ce morceau a été écrit suite à l'accession des fascistes au 2ème tour des élections présidentielles en mai 2002). Tu la sens toi aussi? Cette drôle de sensation qui ronge le ventre, ce mal qui monte. Pourtant je ne suis pas leur cible, mais je les sens ces chiens excites par l'odeur du sang, les yeux brillant de haine, prêt à se jeter sur moi, eux, nous. Je ne suis celui qu'ils recherchent ni celui qui va payer, pourtant je me sens menace comme si leurs vociférations m'étaient destinées… C'est seulement maintenant que j'en prend la véritable mesure, ne dit on pas que c'est lorsque l'on frôle la mort que l'on prend goût a la vie. Jusqu'a ce soir là ce n'était qu'un épouvantail pour grand gamin, dont on parle souvent mais que l'on voit peu. Mais ce soir-là, le vent, la lune l'ont animé, et comme un adulte je me suis persuadé que je devais rêver, que je devais cauchemarder. Mais ce matin j'ai vu, j'ai senti l'inquiétude sur les visages et dans les mots. Le soleil s'est levé mais le cauchemar est toujours là, je ne veut pas rester seul j'ai besoin de toi, besoin de partager car partager c'est ce qu'il veulent détruire. «Les socialistes et les communistes disent que nous abstenir aux élections, c'est favoriser le fascisme, mais comme nous avons toujours dit que l'Etat est un instrument d'oppression au service d'une caste, nous restons fidèles a nous mêmes. Et comme nous pensons que le mouvement de libération doit toujours faire face a I'Etat voila pourquoi nous prônons l'abstention électorale active. Active, c'est à dire que, tout en nous abstenant de la stupidité électorale, nous devons rester vigilants dans les lieux de production et dans la rue. Les vrais bandits, les vrais malfaiteurs, ce sont les politiciens qui ont besoin de tromper et d'endormir les ouvriers en leur promettant la semaine des quatre jeudis en leur arrachant un vote qui les porte au parlement et leur permette de vivre en parasite de la sueur des ouvriers. Lorsque nos camarades députés socialistes ont eux aussi uni leurs voix a cette cohorte d'eunuques, ils ont montré leur vrai visage. Car il y a de nombreuses années qu'ils ont cessé d'être des ouvriers, et par conséquent des socialistes. Ils vivent de leur activité de député. Que les républicains socialistes le sachent: ou bien ils résolvent le problème social, ou bien c'est le peuple qui le résoudra. Nous pensons que la République ne peut pas le résoudre. Aussi, disons nous clairement a la cla**e ouvrière qu'il n'y plus qu'un dilemme: ou mourir comme des esclaves modernes, ou vivre comme des hommes dignes par la voie directe de la révolution sociale. Vous donc, ouvriers qui m'écoutez, sachez à quoi vous en tenir. C'est de vous que dépend le changement du cours de votre vie. " (Discours prononcé par Durruti a Barcelone en 1932.)