A la faveur des affres du crépuscule, je cherche la ferveur d'une page blanche qui s'immacule
La tyrannie d'une encre amère, son couperet, me plonge dans des limbes aux contours inexplorés
Une inspiration livide et triviale, en quête de rédemption et d'une muse au charme animal, Relecture de quelques doux aphorismes, dire qu'ils me rendent dépressifs ne serait pas un euphémisme
Je sors de mon existence d'ascète de l'écriture, pour sculpter du verbe au burin, sans fioriture
Les mots sont douloureux à coucher sur le papier, je dois réveiller de vieux souvenirs trop longtemps délaissés
Un labyrinthe dédaléen sans fil d'Ariane, mon esprit me joue des tours, de ses arcanes
Je reprends doucement cette mécanique implacable, la gorge sèche, les coudes scotchés à la table
La main tremblante au départ de la mélodie, crispé et tendu comme si j'étais sujet à toutes les félonies
Voilà que je retrouve les vieux réflexes d'hier, je murmure quelques syllabes imbibées de bière
Des allers retours incessants sur ce que je viens d'écrire, des ratures éparses intronisant des martyrs
J'imprime peu à peu ces rimes millimétriques, le mimétisme s'imbrique dans un mouvement de lèvres électrique
Pa**é le doute préliminaire, j'éclaire mon phrasé d'une rage tentaculaire
Un énième effort de diction, mon talon d'Achille, je redouble de travail pour devenir plus subtil
Mon capharnaüm cérébral a disparu, je mets un point final à mon texte pondu
Des cadavres exquis viendront clairsemer mon sanctuaire, j'arroserai des chrysanthèmes de la même encre amère