Il scrute, il observe, il détaille,
Il emmagasine, il se tait,
Il cherche chez l'autre la faille
Et la cible où ficher son trait.
Il observe, il détaille, il scrute,
Il fouille l'autre au plus profond,
Jusqu'à l'endroit où son œil bute
Et où s'éteignent les violons.
Il me semble qu'il me ressemble
Comme deux gouttes de soleil,
Il me semble qu'il me ressemble,
Je le contemple, il me surveille,
Tel père, tel fils, on est pareils.
Il détaille, il scrute, il observe,
Il affûte son œil qui luit
Jusqu'à ce que l'autre s'énerve
Et se révèle malgré lui.
Il fouille, il observe, il détaille,
Il dissèque d'un œil glouton,
Effilochant maille après maille
La laine à même le mouton.
Il me semble qu'il me ressemble
Comme deux gouttes d'eau du ciel,
Il me semble qu'il me ressemble,
Un peu de poivre dans du miel,
Tel père, tel fils pour l'essentiel.
Il observe, il détaille, il fouille
Et se désespère en trouvant
Chez l'autre cette même trouille
Et ce même rêve mouvant.
Il me semble qu'il me ressemble
Comme deux gouttes d'au-delà,
Le pire et le meilleur de moi,
Tel père, tel fils, enfin, je crois.