Chuis peinard, au comptoir, je viens d'commander à boire, v'là Renée, énervée, faut lui offrir un café, j'ai pas d'ronds, désolée, j'peux pas payer ma tournée. Elle m'engueule, et s'en va pour revenir deux secondes après. Dans la rue Ramponeau, y z'habitent dans un resto. Dans la rue Dénoyez, y a la piscine Dénoyez. Dans le parc, aux aurores, les Chinois font du tai-chi. Dans le parc, à midi, les lascars dealent du teuchi. Jamais vu autant d'tarés dans si peu de mètres carrés. C'est le mouvement perpétuel des folies dans la ruelle. Asile ! Belleville ! Les Chinois les Kabyles. Asile ! Belleville ! Les poulets en civil. Su'l boulevard tôt et tard, les chiffonniers font légion. Les riverains trouvent pas ça bien, ça fait sale les baluchons. Les brocantes c'est différent, y a les penderies qui débordent. On s'arrange entre braves gens, mais on tire pas sur la corde. Jamais vu autant d'tarés dans si peu de mètres carrés. C'est le mouvement perpétuel des folies dans la ruelle. Asile ! Belleville ! Les bobos qui jubilent.
Asile ! Belleville ! P'tits chiens et volatiles. Des couche-tard, des queutards, des roublards des vieux loubards. Des prostituées, des frustrés, des mémés, des sans-papiers. Des managers, des hipsters, des stalkers, des promoteurs, des fils de, des journaleux, des mafieux, des théâtreux. Ceux qui montent ceux qui descendent, ceux qui tardent ceux qui s'attendent. Ceux qui râlent, ceux qui crachent, ceux qui s'quittent ceux qui s'attachent. Ceux qui y habitent, ceux qu'y habitent pas, ceux qui s'cachent, ceux qu'on loupe pas. Ceux qu'on oublie, ceux qui meurent, ceux qu'on r'trouve et puis ta sœur. Jamais vu autant d'tarés dans si peu de mètres carrés. C'est le mouvement perpétuel des folies dans la ruelle. Asile ! Belleville ! C'est bagarre ou idylle, les grandes et les p'tites filles. P'tits chiens et volatiles. Asile Belleville ! Ancienne porte de la ville. Asile Belleville ! Reste jamais tranquille, reste à jamais asile. Asile !