Assis sur le bord de ma couche,
Je quitte le traversin
Pour réintégrer les babouches.
Il est déjà matin
Coiffé d'une casquette en plomb,
La trogne comme un compteur,
Je cherche mes esprits à tatons;
Je m'éveille en douleur.
Le pyjama en tire-bouchon,
Une flèche dans les reins,
Je bougonne et je fais mon grognon,
Jusqu'à la salle de bains.
Blues blues blues
Polochon blues.
Une haleine à vous tuer un boeuf
Fait s'évanouir ma nuit.
La pulmol au coin des yeux,
Je renais à la vie.
Une main grattant ma tigna**e,
L'autre le bas du dos,
J'fais en m'regardant dans la glace,
Pipi dans le lavabo.
Hier soir, quelle embiance y'avait,
La vache, qu'est-ce qu'on s'est mis.
Maintenant, sur le bord du bidet,
Je continu ma nuit.
Blues blues blues
Polochon blues.
Voici l'instant où le réveil
Commence à me gagner.
La brosse à dents derrière l'oreille,
J'fais chauffer du café.
A quattre pattes, dans la lumière
blafarde du frigo,
Je scrute la danrée mourricière,
Par cinq au-dessous de zéro.
Puis vient l'moment où la biscotte
me pète entre les doigts.
L'heureoù y'a des p'tits bouts qui flottent
En surface du caoua.
J'te dis, la vie n'est q'une tartine
Surmontée d'un étron.
Prostré dans le fond de la cuisine,
J'ai le blues du polochon.