Une escale quelque part dans un port d'orient On se sent tout à coup dans un monde étranger Ce n'est pas le Bosphore ni la casbah d'Alger C'est Marseille, rue d'Aix, dans le soir qui descend Autour de l'Opéra et rue Saint-Ferréol Cours Belsunce, un par un, les cafés se remplissent L'anisette, au comptoir, fait la guerre au pastis L'accent de Bab El Oued à celui de Pagnol Marseille, je t'aimais bien Moi, le Parisien Perdu dans ta foule Marseille, je t'aimais bien Avant que tu te prennes Pour Istanbul Du Vieux Port au Noailles, voici la Canebière On dit qu'elle s'est vendue pour les pétrodollars La corniche élargie a l'air d'un grand boulevard Où s'exhibe la statue de David au grand air Avenue du Prado, la Maison du fada Ne surprend plus personne : on a fait mieux depuis Au boulevard Michelet le grand stade endormi
Se rappelle en silence ses héros d'autrefois Marseille, je t'aimais bien Moi, le Parisien Je venais chez toi Marseille, quand j'avais besoin D'oublier Paris Tu étais là Le métro est déjà sous la place Castellane La Joliette n'est plus rien qu'une sortie d'autoroute La sardine à l'Estaque doit sentir le mazout Et partout c'est Sarcelles, de Fos à Marignane La nuit tombe quand décolle mon avion pour Paris L'étang de Berre est noir tout au bout de la piste Je détourne les yeux, j'ai soudain le cœur triste Et j'entends Marius dire "Je t'aime" à Fanny Marseille, tu as changé Mais qu'est-ce que ça fait ? Moi, je t'aime bien Marseille, tu restes Marseille La ville que j'aime Moi, le Parisien Marseille, je reviendrai Comme le Marseillais Monté à Paris Marseille, quand j'aurai besoin