Du banc des écoliers
Au banc des accusés
De la nef des églises
Aux barreaux des a**ises
Le procès du dernier poète
Depuis longtemps est commencé
Nous sommes en l'an A-X vingt-sept
Et c'est déjà le plein été
Dehors la foule attend
Au rythme des slogans
Dans le ciel des coupoles
S'agitent des banderoles
L'odeur du sang jaillit dans l'air
Jusqu'à la salle du jugement
Un courant pa**e, chargé d'éclairs
Comme l'acier du châtiment
(Toi qui faisais chanter les pierres
Et savais les changer en pain
Toi qui commandais à la mer
D'un simple geste de la main
Tu ne dis rien pour ta défense
Tes paupières se ferment en silence)
Moi qui faisais chanter les pierres
Et savais les changer en pain
Moi qui commandais à la mer
D'un simple geste de la main
Je ne peux rien pour votre science
Puisqu'elle a détruit l'innocence
Seul devant la machine
On lui fouille le cerveau
Nom ? Âge ? Signe ?
Couleur et numéro ?
Je suis poète de père en fils
Je n'ai pas d'autre profession
Selon l'article quatre-vingt-six
Vous méritez l'exécution
Le grand ordinateur
A réglé votre cas
Vos problèmes de cœur
Ne nous intéressent pas
Vous refusez d'être codifié
Et d'écrire sous notre contrôle
Et vos poèmes seront brûlés
Et vous devrez mourir à l'aube
(Toi qui faisais chanter les pierres
Et savais les changer en pain
Toi qui commandais à la mer
D'un simple geste de la main
Tu ne dis rien pour ta défense
Tes paupières se ferment en silence)
Moi qui faisais chanter les pierres
Et savais les changer en pain
Moi qui commandais à la mer
D'un simple geste de la main
Je ne peux rien pour votre science
Puisqu'elle a détruit l'innocence
Mort au poète ! Mort au poète ! Mort au poète ! Mort au poète !
C'est ainsi que s'acheva le procès du dernier poète
Rappelez-vous : ce fut le soir où les fleurs s'endormirent pour ne plus se réveiller et que, là-haut, dans le ciel les étoiles s'éteignirent avant de tomber par milliers…
(Toi qui faisais chanter les pierres
Et savais les changer en pain
Toi qui commandais à la mer
D'un simple geste de la main)