C'est l'histoire de trois femmes à barbe
Trois belles femmes, trois belles barbes
La première, elle l'avait bleue
La deuxième, elle l'avait blanche
La troisième, elle l'avait rouge
Elles servaient dans les défilés
Vivant drapeau de la cité
La bleue était la femme du maire
La blanche, la femme du commissaire
La rouge, la servante du curé
Qu'avait les idées avancées
Et hop! À mon commandement
Barbe en arrière!
Et hop! À mon commandement
Barbe en avant!
Notre ville était indomptable
Dans tous les combats redoutables
Du sport, des boules au basket-ball
Et la tendresse municipale
Allait à l'équipe de football
Quand on voyait à la tribune
Ces trois femmes qui n'en faisaient qu'une
Déployer leur vaste étendard
Ça galvanisait nos gaillards
Dans le tourbillon des fanfares
Ils gagnaient par cinq buts d'écart
Et hop! À mon commandement
Barbe en arrière!
Et hop! À mon commandement
Barbe en avant!
Mais l'espion d'une cité rivale
La veille de la grande finale
Tondit les femmes en leur sommeil
Le lendemain à leur réveil
Elles avaient une peau de pêche
Consternation générale!
Du moral, chute verticale
On sentit tourner le destin
Satan ricana dans un coin
N'apercevant plus sa bannière
Le club a mordu la poussière
Et hop! À mon commandement
Barbe en arrière!
Et hop! À mon commandement
Barbe en avant!
On ne survit pas au déshonneur
Le malheur appelle le malheur
Le maire, le curé, le commissaire
Comme un seul homme se suicidèrent
Sur le terrain tout chaud d' la lutte
Et on put voir, un jour blafard
Trottant derrière trois corbillards
Trois barbichettes peintes en noir
Souvenirs des vieux jours de gloire
Fidèles jusques à l'épiderme
Les femmes à barbe étaient en berne