Dors
Au bord de tes oreilles perlent des coquillages
J'apprends tout doucement la paix de ce visage
Qu'un frisson de paupières, à peine, vient brouiller
Dors
Je suis au bord de toi comme au bord des villages
Ces maisons solitaires de lierres et de feuillages
Dont le maigre chemin se mure de ronciers
Dors
Je suis au bord de toi comme au bord d'une plage
Tu t'en vas, tu t'en vas, je rêve du voyage
Et je reste tout seul dans la vague éclatée
Dors
Ton profil a creusé cet angle de grisaille
Où les rêves se glissent où à la courte paille
On tire le premier à enfourcher le vent
Dors
Le sommeil a gonflé tes lèvres et redessine
Des baisers que tu donnes à des amants de Chine
Oubliés chaque soir le long des paravents
Dors
Dans l'oreiller de plume habitent tes mensonges
Et des amours s'allument et des amours te rongent
Et vont jusqu'au matin à leurs feux te pliant
Dors
Et vous Renoir et vous Vinci, vous Michelange
Combien il vous manqua pour bien savoir les anges
D'avoir connu un soir le sourire alangui de Maria dormant