À l'heure des serments, à l'heure des rosées
À l'heure du raisin qui saigne dans ta hotte
À l'heure du bleuet pris entre deux pavés
Et du coquelicot qu'on coupe et qu'on ligote
À l'heure d'irraison du délire brutal
Quand sur les places grises on moissonne les têtes
À l'heure du clairon, celle où le général
A trois fois plus d'étoiles qu'en aura le poète
Comme dans tes chemins, j'ai la honte à la tête
À l'heure de toujours, devant le dernier mur
La commune sourit au vent des fusillades
Est-ce le jour venu et les blés sont-ils mûrs?
Par où va le chemin de Montmartre à Grenade?
À porter dans ta robe Arromanches et Verdun
On ne sait plus très bien où reposer la tête
Mais lorsque entre les tombes se lève le matin
Tes enfants accroupis cherchent encore la violette
Comme dans tes chemins, j'ai le cœur à la fête
À l'heure des serments, à l'heure des rosées
À l'heure du raisin qui mûrit dans ta hotte
À l'heure du bleuet né entre deux pavés
Et du coquelicot sur ton drapeau qui flotte
Comme dans tes chemins, la terre colle à mes bottes
La France