Les fleuves sont des rues où tu baignes ton âme
Où ton ombre s'enfuit pas à pas dans le temps
Les fleuves sont des mers où tes voiles s'enflamment
Où ton bateau s'engorge aux désirs du printemps
Monsieur Rimbaud, les violons monotones
Te parlent d'un ami aux livides matins
Monsieur Rimbaud, il y a tant d'automnes
Il y a trop d'hivers pour te clouer les mains
Les rives du désir ont d'arides fontaines
Où sous des palmiers blancs les êtres vont par deux
Mais un vent s'est levé qui arrache tes chaînes
Éparpille ton âme et dessèche tes yeux
Monsieur Rimbaud, dans ce voile de plumes
Le soleil d'Ophélie croule sur les jardins
Monsieur Rimbaud, il y a trop de Lune
De rayons à tresser pour te couler des mains
Au gibet de la nuit les spectres se balancent
Dans un vent qui éteint pour toujours ton flambeau
Tes fleuves deviendront des vallées de silence
Ton front couvert de cendre a choisi le repos
Monsieur Rimbaud, il n'y a plus d'automne
Il n'y a plus d'hiver pour te clouer les mains
Monsieur Rimbaud, les violons monotones
Cessent de sangloter aux lambeaux du matin