Vinrent, cette année-là, des temps étranges Des chaleurs, des frimas, des pluies, des fanges Des nuages de poussière sur les champs, les rues Les arbres qu'ils arrosèrent poussèrent plus dru Vinrent, cette année-là, des fruits étranges Non pas des avocats ni des oranges On en fit, à la légère, des jus, des sirops Celles qui s'en régalèrent eurent le corps gros Vinrent, cette année-là, d'enfants étranges
Des plumes sur les bras, les petits anges Chaque enfant, à sa manière, était différent Des berceaux ils s'envolèrent dès qu'ils furent grands Vinrent, cette année-là, des gens étranges Vêtus de peaux de rats, comme ils se vengent Ils ont défendu la terre contre les souris Ils leur ont jeté des pierres mais ils furent pris Vinrent, cette année-là, des chants étranges Puis la Terre roula dans le silence