Je vis dans mon exil, de luxe, de bas-résilles
Ici l'on se résigne à fumer de la résine
J'ai gratté trop de faf et noirci trop de pages
Sentez mon message, mon propos, le propane se propage
Le sentiment de ma révolte n'est pas très clair, il est diffus
Je suffoque à mon époque, je la refuse, je la réfute,
J'ai pris l'avion au vol pour être clando dans la soute
J'veux pas rester un pa**ager, j'veux pas devenir cracheur de soupe
J'ai rêvé de dissidence en me goinfrant de mes pop-corn
L'intégrité s'est faite l'ennemi, je suis cocu et j'ai des cornes
La transgression n'existe plus, le système nous avale
Il nous recrache en ronds de fumée, épais cigare de la Havane
Dans la savane de Paname, sur le goudron, le macadam
J'arpente les rues en toutes saisons dans le chaudron de mes états d'âmes.
Je me revois un peu débile, trainant dans le quartier latin
Entre les bouquins, les vinyles ou bien Bastille au petit matin
Avec cette bande de copains parlant des connards qu'on adule
On était tous un peu crétin de se gargariser de nos vies d'adultes
On débattait sur les pogroms, de concept et de leurs nuances
On discutait aussi football, s**e, argent et vacances
On se dandinait comme des dandys, on se voulait fluide et nomade
On rêvait tous de jet-lag et de s'extraire de la vie normale
Mais de New York à Moscou et de Shanghai à London
Les mojitos ont le même goût, les bars diffusent Gilles Peterson
On s'est jeté dans la vie de con, horaires-bureaux-aseptisés
On en voulait au monde entier en faisant plaisir à son banquier
Puis de Before en After, Caïpirinhas ou Bavaria
Sur les murs Lounge des clubs «tendance» y'a Casus Clay, Che Guevara
A 5 euros le «Petit Negro», ils ont fait fort au Café Flore
Eh! «Jean-Saul Partre» c'est décidé, je vais devenir un «Picaflore»
J'avancerais sans balises, quand la musique te marginalise
Le jour de ma mort sur mon cœur je n'aurais pas de valises
Je partirais léger quand d'autres se sentiront lésés
Se sentiront pleins de regrets, peut-être de n'avoir pas osé,
J'ai jamais trop rêvé d'avoir l'appart' et la voiture
Je suis à coté de mes pompes, moi j'aime la gratte et les ratures
Et l'aventure, un jour se lève, un jour nouveau
Un jour d'adolescence ou sur un banc j'ai rêvé de «Revo»
Mais les épreuves de la vie, des ouragans qui font péter les digues
Me fatigue, et je le vois, mes textes n'ont plus d'intrigues
Les révoltes sont diluées, nuages de lait dans un café
Tu ne signes pas des autographes quand t'as l'avenir autodafé
Moi je suis un peu paumé et j'ai le cœur à la renverse
Mais t'inquiètes pas, je sais que la vie est une tempête que l'on traverse
Ce monde il est vulgaire, c'est un tapin dans un motel
Je fais partie de ces jeunes-là qui ont grandi sans un modèle
Pour mes enfants je l'espère, je serais un exemple
Et de mes larmes et de mon sang, ok! De ça, je les exempte
Je suis pessimiste grave, ce monde il se barre en cacahuète
Je file vers ma planète, appelez-moi dès que ça s'arrête
Génération résignation, sans notion ni pa**ion
Trop-plein d'informations, environnement en détérioration
Condamner à trouver du sens dans ce non-sens
Certains brûlent la France à l'essence, d'autres consomment à outrance
Ou veulent acquérir de l'argent, du pouvoir ou de la gloire
Mais laissez-moi que je me barre, je veux juste perfectionner mon art
Certains appelleront ça lâcheté ou égoïsme
Je le répète, si je pouvais, j'achèterais de l'héroïsme!