[Monologue: Lydie Benzakin]
Il est tard. Je cherche mon autre chez-moi, et je prends un chemin que je ne connais pas:
Un petit sentier qui longe les usines et la ville entre-coupant par la forêt
Je commence à peine à entrevoir la nature, lorsque tout d'un coup, la nuit tombe
Je suis plongée dans un monde de silence, pourtant je n'ai pas peur
Je m'endors quelques minutes, tout au plus, et quand je me réveille
Le soleil est là et la forêt brille d'une lumière éclatante
Je reconnais cette forêt. Ce n'est pas une forêt ordinaire, c'est une forêt de souvenirs
Mes souvenirs. Cette rivière blanche et sonore, mon adolescence
Ces grands arbres, les hommes que j'ai aimés. Ces oiseaux qui volent, au loin, mon père disparu
Mes souvenirs ne sont plus des souvenirs
Ils sont là, vivants, près de moi, ils dansent et m'enlacent, chantent et me sourient
Je regarde mes mains. Je caresse mon visage, et j'ai 20 ans
Et j'aime comme je n'ai jamais aimé