Arrivé huit heures, neuf heures et quart,
Le visage bouffi la tête en pétard.
Je jette un oeil alentour,
Lève et secoue la main pour
Saluer mes collègues qui,
Comme moi attendent midi.
J'ai toujours su m'organiser
Attaquer tranquille sans s'presser
J'ai lu qu'on pouvait perdre du poids
En restant vautré chez soi.
Aussitôt fait aussitôt dit
Je suis parti avant midi.
À vivre comme un bureaucrate
On finit bien par avoir hâte
D'en finir lentement,
À répéter souvent:
Vivement dix heures,
Vivement midi,
Vivement cinq heures,
Vivement samedi,
Vivement la paye,
Vivement demain,
Vivement la r'traite,
Vivement la fin.
Voici venu le moment ultime
Où tous enta**és à la machine
On prend le café pour entretenir
Toujours les ragots les pires.
On a même vu le directeur
Comme moi attendre cinq heures.
On a reçu une carte postale
D'un collègue en vacances au Bengale.
On pouvait lire ce p'tit mot:
"On est mieux là qu'au bureau".
Ca m'a tellement rendu rageur
Je suis parti avant cinq heures.
À vivre comme un fonctionnaire
On finit bien par avoir l'air
De perdre tout son temps
À répéter souvent:
Vivement dix heures,
Vivement midi,
Vivement cinq heures,
Vivement samedi,
Vivement la paye,
Vivement demain,
Vivement la r'traite,
Vivement la fin.
Je reste un grand collectionneur
D'objets ringards et sans valeur
Qui donnent à ma sombre existence
Une certaine inconsistance.
Je joue sur mon ordinateur
Au solitaire, au démineur.
Tous les mercredis on donne un pot,
Toujours un truc à fêter au bureau:
Un retour de congés
De nouvelles ta**es à café
Et lorsqu'arrive le jeudi
Pour nous la semaine est finie.
À vivre comme un missionnaire
On finit bien par prendre l'air,
Souhaiter vivre autrement
Qu'à répéter souvent:
Vivement dix heures,
Vivement midi,
Vivement cinq heures,
Vivement samedi,
Vivement la paye,
Vivement demain,
Vivement la r'traite,
Vivement la fin.
Vivement dix heures,
Vivement midi,
Vivement cinq heures,
Vivement samedi,
Vivement la paye,
Vivement demain,
Vivement la r'traite,
Vivement la fin.