Alors qu'en France on s'écharpe sur la liste des livres à lire en maternelle, les choses bougent outre-Atlantique. La priorité donnée par Obama à l'enseignement des STEM (Science, Technology, Engineering, Mathematics) encourage une flopée d'entrepreneurs à investir le domaine de l'apprentissage. C'est le cas de Jocelyn Leavitt, enseignante dans une ancienne vie, maintenant CEO de Hopscotch, petite startup qui ambitionne d'apprendre le code à vos enfants. Sacré challenge ! Daisy the Dinosaur Et c'est bien de son expérience des salles de cla**e et des cours de récré que Leavitt s'est inspirée pour son entreprise. D'abord pour le nom, littéralement « marelle », ce jeu que l'on a tous pratiqué. Ensuite pour la philosophie et l'interface de ses applications. « Les enfants apprennent en faisant les choses, pas en étant a**is à écouter un professeur », concède-t-elle. Surtout, Jocelyn n'enferme pas les enfants dans un univers normé. « Certains font des dessins, d'autres des jeux, des animations. Il y a un nombre infini de possibilités avec un langage de programmation ouvert comme le nôtre », a**ure-t-elle. Car Hopscotch est avant tout un langage de programmation accueillant et plein de couleurs. Plutôt que de perdre les enfants à travers d'interminables lignes de codes, Hopscotch leur préfère des animaux et des scripts à appliquer avec un simple glisser-déplacer. « Les enfants se fichent d'apprendre à coder, ils veulent apprendre à faire leur propre version d'Angry Birds », confesse-t-elle. Hopscotch s'inspire de Scratch, un langage développé par le MIT. Le génie de Jocelyn, c'est de l'avoir appliqué au mobile, et plus particulièrement à l'iPad. « Cette tablette est l'outil de prédilection de nombreux professeurs, car elle est très accessible pour les enfants », s'enthousiasme-t-elle. Think Different Transmettre les clés du futur, c'est la mission de la jeune enseignante à la retraite. Ça l'a sûrement toujours été. En biberonnant les enfants au code, elle s'a**ure que ces derniers comprennent leur environnement. « La technologie est partout autour de nous. Les enfants l'utilisent sans le savoir et sans la comprendre », regrette-t-elle. Hopscotch est là pour ça. Mais la véritable mission de Jocelyn Leavitt est de révolutionner la façon d'apprendre et de penser de nos chères petites têtes blondes. Elle le sait, elle a été de l'autre côté quand elle enseignait l'histoire. Sa vocation ne date donc pas d'hier. Très tôt, elle s'intéresse aux méthodes d'apprentissage expérimentales. Elle voit dans le code l'occasion de les concrétiser et de les appliquer partout. Le code, c'est l'ultime étape de la mondialisation. Plus de différences culturelles, tout le monde parle désormais le même langage. Surtout, l'apprentissage du code convient aux enfants, car il leur permet d'évoluer par étapes, par paliers. Pour faciliter cette initiation, Hopscotch se conçoit comme un environnement sûr pour expérimenter, et où l'échec n'est pas rédhibitoire. L'approche programmatique encourage les jeunes utilisateurs à développer une pensée an*lytique. « Ce que nous voulons, c'est leur apprendre à penser, à comprendre et à apprendre de manière critique », résume-t-elle. Girls just wanna code Elle l'avoue sans hésiter, Hopscotch était avant tout pour les filles. En commençant à s'intéresser au secteur technologique, le constat était sans appel : il n'y avait et il n'y a pas a**ez de filles. Les garçons ont toujours plus tendance à s'intéresser au code puisqu'ils grandissent en jouant aux jeux vidéo. « Pourtant, les filles aiment créer des choses », a**ure-t-elle. C'est pourquoi Hopscotch fait la part belle à la création, aux couleurs et au mignon, sans tomber dans les clichés… « J'aurais adoré que quelque chose comme ça existe lorsque j'étais petite », confesse-t-elle. Très vite, devant le succès, Jocelyn a dû se résigner à accepter les garçons. Tout le monde peut y arriver La jeune entrepreneuse s'est mise au code sur le tard, et ça change tout. Si elle avait été professionnelle, Hopscotch ne serait pas cette interface de programmation ouverte. Elle a en commun avec tous les autres « startupeurs » l'ambition de changer les choses tout en sortant de sa zone de confort. En arrivant dans cet univers, elle a aussi découvert que personne n'est vraiment prédestiné à cela. Elle revendique une certaine forme d'ignorance et reste convaincue que c'est la meilleure façon d'arriver dans ce milieu. « Au début, je ne savais même pas ce qu'était Techcrunch », avoue-t-elle. De toute façon, chez les entrepreneurs, on aime ces profils de "faux ingénus". C'est d'ailleurs à cela qu'on les reconnaît. « L'univers des startups est très ouvert et la frontière entre ceux qui réussissent et ceux qui débutent est ténue », nuance-t-elle. Tout est possible. Comme à Hollywood. « L'actrice qui galère aujourd'hui peut devenir la star de demain », professe-t-elle. Appliqué aux startups, il s'agit de savoir qui sera le prochain Mark Zuckerberg. Notre réponse : probablement quelqu'un qui est en train d'apprendre à coder sur Hopscotch à l'heure qu'il est.