[ Attention sur Roissy, le TGV va partir, veuillez monter en voiture et ne pas gêner la fermeture automatique des portes. Attention aux départs TGV] J'arpente les couloirs arrondis Clope en commissure ? sorte de désert noir, monde où d'enveloppes vides Et pas de contact et j'irai pas m'en plaindre L'art de se sentir humain là où personne se regarde Lesté d'un barda sans fil, portable et pager Le parfait salaud sur un quai de la gare de l'est Suivant la main tranquille de chef de banque cul-serré Des culs-terreux terrés sous des vestes prada Et j'me déteste un peu pour être devenu l'un des leurs Mais j'me console en pensant que l'argent reste un luxe Et qu'on ne pleure pas ma mort Si c'est du temps perdu que ceux qui vivent à l'arrache Se mettent à regarder l'heure En parlant d'ça, le train arrive, 20 minutes à la bourre Pressé de rejoindre la baraque après un jour de labeur En lieu et place d'un planning faste et laborieux Ce soir j'troque la course contre un canapé de banlieue Bien sûr, mon agenda me rappelle un rendez-vous Une vieille connaissance parentale Parait que c'est vital et que j'évite le sujet depuis un mois C'est vrai que j'ai pas envie d'y aller mais voir un tox à propos d'maille C'est vraiment pas rentable Assis en première je préviens mon frère que j'aurai du retard en espérant qu'il annulera Il m'insultera certainement, le prétexte du même sang ne justifie pas tout Se voir pour discuter ? Un foutu canular ! J'tombe sur le répondeur Et là le train s'arrête Assis en biais, je râle pour qu'on me rembourse mon billet A chaque fois c'est la même, un suicide sur les rails Ils peuvent pas mourir autrement qu'en faisant chier l'monde entier J'marche, autour de moi les gens n'font que s'bousculer Se précipite comme si y'avait qu'un job auquel postuler Personne s'calcule, chacun est costumé Moi qui ne pensais qu'à une chose qui était de procrastiner J'irai pas à c'diner J'ai d'autres impératifs De toute façon j'ai même pas de thunes pour payer l'apéritif Plus qu'un seul objectif, personne m'arrêtera Et depuis quand les bonnes ? viennent à l'aide des rats J'zig-zag, pa**e hors du pa**age piéton Une voiture, un klaxon, bras d'honneur et presque baston Les automobilistes sont vraiment des gros cons S'croient dans un cocon jusqu'à ce qu'ils croisent un mur de béton J'm'en fous, trace, continue mon bonhomme de chemin Pa**e devant un jardin sans sentir l'odeur du jasmin Quelle misère! On n'savoure plus le temps qui pa**e, hein ? J'accélère, cours, jusqu'à avoir des crampes au ba**in Haletant, je le sais, il est temps J'me rapproche du moment du verdict, du jugement Ainsi, crûment, j'm'en bats la race de leurs arguments Quel but à cette poursuite qui use tellement nos ligaments ? J'tourne dans une ruelle, fuis le monde contemporain Tous contents pour eux, bref tous contents pour un Ca, ça m'fait penser à mon frangin hautain Comptant les minutes et pensant moins à moi qu'au train Mon débit sanguin fait du tintamard Le tumulte à présent loin, j'largue ces putains d'amarre J'imagine hagard, le remord rend cocu Trébuchant dans le noir, frôlant même la culbute J'me reprends, quelques mètres avant le final J'inhale un peu d'oxygène pour me sentir invulnérable J'entends un grondement, la Lune éclaircit les rails Un pas en avant pour mon voyage intersidéral